Election
Nous avons analysé les programmes des douze candidat-es à la Présidentielle 2022.
Marine Le Pen
Dangereuse (aussi)
pour le climat
Comme les industries polluantes, Marine Le Pen a tenté de repeindre son programme en vert… mais tout cela ressemble plus à du greenwashing qu’à une véritable conversion à l’écologie. Ses quelques propositions sur l’environnement sont surtout un moyen de remettre en avant, d’une nouvelle manière, son projet xénophobe de repli identitaire et nationaliste.
Marine Le Pen ne s’attaque pas aux causes structurelles de la crise écologique et climatique. Elle n’est pas du tout à la hauteur sur les enjeux de régulation des entreprises polluantes et de transformation des secteurs polluants comme l’agriculture et les transports.
Elle freine la sortie des énergies fossiles (pétrole et gaz) et porte un positionnement particulièrement rétrograde, et dangereux, dans le débat autour du futur énergétique de la France.
Enfin, elle passe aussi largement à côté de l’enjeu majeur de préservation de la biodiversité.
Marine Le Pen déploie beaucoup d’énergie à dénoncer « l’écologie punitive », mais elle ne propose rien pour mettre à contribution en priorité les ménages les plus fortunés et les grandes entreprises qui polluent le plus, ni pour accompagner les ménages les plus fragiles et les travailleur·ses dans la transition écologique. De même, elle prend position en faveur de la relocalisation et la réindustrialisation de l’économie, mais sans questionner la logique productiviste et le dogme de la croissance infinie qui épuise les ressources de notre planète.
De plus, elle défend la relance de la filière nucléaire, alors que c’est une énergie dangereuse, coûteuse et polluante, et que la construction de nouveaux EPR prendra bien trop de temps pour répondre à l’urgence climatique. Dans le genre propositions dangereuses, la candidate ne s’arrête pas là : elle propose carrément de démonter les éoliennes, alors que tous les scénarios crédibles permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050 montrent qu’il sera nécessaire d’accélérer fortement le développement des énergies renouvelables, notamment l’éolien.
Inversement, elle passe sous silence beaucoup d’enjeux clés : par exemple, elle ne dit rien de sérieux sur la transformation du système de transports (1er secteur émetteur de gaz à effet de serre…) et, pire, elle propose des mesures carrément contre-productives (par exemple sur la fiscalité des carburants ou les limitations de vitesse) ; rien sur la nécessité de produire et consommer moins de produits d’origine animale ou sur l’accélération de la sortie des pesticides ; rien sur la déforestation importée ou sur la protection des océans ; rien sur la réhausse des objectifs climatiques de la France ou sur la dépollution des flux financiers. Enfin, elle traite de la question de la précarisation alimentaire en proposant l’augmentation des volumes d’aliments fournis aux plus modestes, mais sans un mot sur la qualité ou la durabilité de ces produits.
Certaines propositions de Marine Le Pen, prises individuellement, peuvent être pertinentes, comme la suspension de la construction de grandes surfaces en périphérie des villes ou l’opposition aux accords de libre-échange de type CETA, mais elles ne s’intègrent pas dans une vision globale cohérente et ambitieuse de l’écologie.
Loin d’être prioritaire dans son projet, la question écologique est en plus mise au service d’une vision de la société sclérosée, intolérante, et discriminante, à l’opposé des valeurs de Greenpeace.
Nous avons voulu regarder comment la « famille » politique de la candidate du Rassemblement National s’est comportée pendant le dernier quinquennat à l’Assemblée nationale, sur quelques votes clés du quinquennat sur l’écologie et pour lesquels les scrutins ont été publics. Pourquoi ? Parce que, dans les faits, c’est avec cette famille politique que Marine Le Pen devrait composer pour gouverner si elle était élue. De plus, la candidate d’extrême-droite était elle-même députée de l’Assemblée nationale pendant ce quinquennat, et il est donc intéressant de voir ce qu’elle a voté le cas échéant sur les sujets que nous avons retenus.
Il n’y avait pas de groupe parlementaire « Rassemblement national » à l’Assemblée nationale lors du dernier quinquennat. Mais nous avons quand même regardé comment ont voté les député·es « non-inscrits » rattaché·es au Rassemblement national au titre du financement de la vie politique (dont Marine Le Pen).
Un point positif : lors du quinquennat Macron, les député·es rattachés au Rassemblement national, dont Marine Le Pen, ont voté unanimement contre l’adoption du CETA, accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada néfaste pour l’environnement et le climat.
Mais, sur les quelques autres votes que nous avons pu analyser, le bilan n’est pas bon : ils et elles ont voté unanimement pour la ré-autorisation des néonicotinoïdes (des pesticides tueurs d’abeilles). Sur les conditionnalités écologiques aux aides publiques apportées aux grandes entreprises pendant la crise Covid, les député·es rattachés au Rassemblement national et présents dans l’hémicycle pour les différents votes afférents se sont systématiquement exprimés contre (Marine Le Pen n’a elle participé directement à aucun de ces votes). Et les député·es rattachés au Rassemblement national (dont Marine Le Pen) n’ont pas participé aux différents votes relatifs à l’exclusion de l’huile de palme et de l’huile soja de la liste des « biocarburants » bénéficiant d’avantages fiscaux (alors que les effets dramatiques de ces biocarburants de première génération sur le climat et l’environnement ont été largement démontré).
Pour plus de détails, voir nos données compilées pour les familles politiques des différent·es candidat·es, publiées en accès libre.
Afin de l’aider à prendre conscience de l’urgence climatique, mais aussi à être mieux informée sur des sujets essentiels qu’elle ne maîtrise visiblement absolument pas, nous adressons ce conseil à Marine Le Pen : lire, lire, lire, et lire encore, le dernier rapport du GIEC, les nombreux rapports sur la possibilité de mettre en place un système énergétique 100% renouvelable (ceux de l’Ademe, de RTE, du CNRS/Cired, de Négawatt…), le rapport de la Cour des comptes sur le fiasco de la filière EPR… La liste est longue et devrait en fait même commencer par la base de la base : la Déclaration universelle des Droits de l’Homme.
Dernière mise à jour : 01/04/2022
Une analyse du programme de Marine Le Pen sur le climat, détaillée secteur par secteur, a également été réalisée par le Réseau Action Climat.
Aperçu de tous les candidats et candidates
Pour en savoir plus sur les critères que nous avons retenus, voir notre méthodologie.
Pour compléter et approfondir les programmes sur l’écologie des candidats et candidates à l’élection présidentielle 2022, voir également les analyses du Réseau Action Climat, dont Greenpeace France est membre, ainsi que la comparaison des propositions des candidat·es réalisée par l’Affaire du Siècle, avec Data For Good et le collectif Eclaircies pour sortir la France de l’illégalité climatique.
Les analyses ci-dessous se concentrent sur les programmes des candidats et candidates et ne traitent donc pas directement des conséquences du conflit en cours en Ukraine. Les enjeux de transition écologique et énergétique et de justice sociale prennent cependant une dimension supplémentaire dans ce contexte. Pour en savoir plus, voir notre article consacré aux questions environnementales liées à la guerre en Ukraine et à leur traitement par les responsables politiques.